Mort de Gaye Camara : la légitime défense remise en cause

En partenariat avec Disclose, INDEX a reconstitué les événements ayant entraîné la mort de Gaye Camara, 26 ans, lors d’une intervention de la police en janvier 2018. Modélisation 3D à l’appui, notre enquête remet en cause la thèse officielle : la légitime défense du policier à l’origine du tir.

Publié le 18.01.2021

Date de l’incident

16.01.2018

Lieu de l’incident

Épinay-sur-Seine (93), France

Conséquence(s)

Mort

Partenaire

16 Janvier 2018, Épinay-sur-Seine. Vers 23h55, un véhicule s’encastre dans un fast-food situé rue de Paris. Son conducteur—Gaye Camara, un jeune homme noir de 26 ans—vient de prendre une balle dans la tête alors qu’il tentait d’échapper à une interpellation par la police. Il décède le lendemain.

Une enquête est ouverte, mais celle-ci conclue à un non-lieu. Le policier auteur du tir invoque l’état de légitime défense : il aurait tiré alors que le véhicule lui « fonçait dessus ».

Au cours de l’enquête judiciaire, aucune reconstitution des faits n’a été réalisée. En partenariat avec le média d’investigation Disclose, nous avons mené une contre-enquête à partir de modélisations 3D. Nos conclusions jettent le doute sur l’état de légitime défense du policier mis en cause.

Conclusions

D’après les données disponibles, le policier qui abattu Gaye Camara d’une balle dans la tête se trouvait entre 5 et 9 m du véhicule lorsqu’il a ouvert le feu sur le pare-brise.

Par ailleurs, à l’instant où il fait feu, le policier n’était pas face au véhicule : la trajectoire de sa balle forme un angle de 38º par rapport à l’axe longitudinal du véhicule.

Vue en plan du modèle de reconstitution 3D, avec annotation de la distance minimale et de l’angle de tir

D’un point de vue judiciaire, ces deux points sont susceptibles de remettre en cause l’applicabilité de la légitime défense dans le cadre de l’homicide de Gaye Camara.

En effet, pour que la clause de légitime défense soit retenue, la loi dispose qu’il faut que trois conditions soient réunies : nécessité, simultanéité et proportionnalité de la riposte à une agression réelle. La distance de tir, le fait que le policier n’était pas face au véhicule au moment où il a fait feu, et le fait qu’il ait effectué un tir qui serait probablement mortel pour le conducteur, sont autant d’éléments qui questionnent la qualification du geste du policier comme relevant de la légitime défense telle que définie par la loi.


Rapport d’expertise

En complément de notre enquête, nous publions un rapport d’expertise indépendante au format PDF, qui apporte des précisions sur nos conclusions et sur la méthode employée.



Équipe

INDEX
Enquête/réalisationFrancesco Sebregondi
Modélisation 3DGaldric Fleury
Antoine Fontaine
MontageTara Sasson
VoixAmanda Jacquel
Sound designUltra
DISCLOSE
EnquêteMathias Destal
Geoffrey Livolsi

Voir aussi

Tous les quinze jours, recevez nos dernières publications dans votre boîte mail. Inscrivez-vous à la nouvelle Newsletter d'INDEX :

Soutenez-nous →