Mort de Zineb Redouane : la contre-expertise du tir de grenade

A l’aide de documents inédits et d’une modélisation 3D des événements, Forensic Architecture et Disclose ont reconstitué les circonstances précises de l’incident qui a causé la mort de Zineb Redouane, le 1er décembre 2018. Notre contre-expertise contredit formellement les conclusions de l’expertise officielle.

À la date de publication de cette enquête, l’ONG d’investigation indépendante INDEX était encore en phase d’incubation au sein de l’agence de recherche Forensic Architecture. INDEX n’est donc pas auteur direct de cette enquête – celle-ci étant signée Forensic Architecture et Disclose.

Le 1er décembre 2018, en marge d’une manifestation des gilets jaunes à Marseille, Zineb Redouane, 80 ans, était impactée au visage par une grenade lacrymogène tirée au lanceur Cougar, alors qu’elle se tenait à la fenêtre de son appartement du quatrième étage. Le lendemain, elle décédait à l’hôpital.

En mai 2020, un nouvel élément est venu s’ajouter à l’enquête judiciaire en cours : le rapport d’un expert en balistique, destiné à établir si le policier auteur du tir, membre des Compagnies Républicaines de Sécurité (CRS), avait agi de manière réglementaire. Le rapport disculpe le policier, en concluant : « L’arme a été utilisée selon les préconisations et les procédures d’emploi en vigueur dans la police nationale. »

À l’aide d’éléments de ce rapport et d’une modélisation 3D détaillée de la scène, Forensic Architecture et Disclose ont réalisé une contre-expertise, en reconstituant la séquence précise des événements ayant conduit à la mort de Zineb Redouane.

D’après notre enquête, la responsabilité du policier auteur du tir et de son superviseur dans la mort de Zineb Redouane reste clairement engagée.