Nahel Merzouk

L’homicide de Nahel Merzouk

Le 27 juin 2023 à 8 h 18 min, Nahel Merzouk, 17 ans, était tué par un policier à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine. Filmée par un témoin, sa mort avait déclenché une vague de révoltes à travers la France. Un an après, INDEX révèle une reconstitution détaillée des circonstances de l’homicide de Nahel Merzouk.

Publié le 27.06.2024Mis à jour 12.07.2024

Date de l’incident

27.06.2023

Lieu de l’incident

Nanterre (92), France

Conséquence(s)

Mort

Partenaire(s)


Cette enquête a été publiée en deux temps.

La première partie, que nous avons publiée le 27 juin 2024, présentait une analyse approfondie des vidéos de trois témoins, croisée avec les informations contenues dans le dossier judiciaire de l’affaire, que l’équipe d’INDEX a pu consulter. Dans un modèle numérique en 3D, nous avons reconstitué les positions et les gestes des deux policiers impliqués dans l’homicide de Nahel Merzouk.

Dans la seconde partie de l’enquête, que nous publions aujourd’hui, INDEX présente une analyse de l’enregistrement de la caméra de surveillance urbaine située face au passage Arago à Nanterre, que l’ONG d’investigation rend public pour la toute première fois. Cet enregistrement permet de reconstituer précisément la trajectoire du véhicule de Nahel Merzouk au redémarrage et d’apprécier la distance qui sépare le policier tireur du muret situé derrière lui. En croisant les données issues du rapport d’autopsie et les photos de constatation sur le véhicule, l’enquête présente également une étude balistique permettant de reconstituer la position de Nahel Merzouk, au volant du véhicule, à l’instant du tir.

Conclusions

Notre enquête établit qu’au cours des vingt-deux secondes qui précèdent le coup de feu mortel :

• Le policier Florian M., auteur du tir, porte quatre coups sur le pare-brise du véhicule conduit par Nahel Merzouk avec son arme à feu ;

• Le second policier, Julien L., porte des coups à l’intérieur de l’habitacle du véhicule et brandit son arme à feu à hauteur de la tête de Nahel Merzouk ;

Une seconde avant le coup de feu, l’un des deux policiers prononce vraisemblablement une menace de mort.

Au moment où il est atteint par le tir, Nahel Merzouk avait la main gauche levée devant le visage, vraisemblablement en protection. Son poignet a été traversé par la balle du policier Florian M., avant que celle-ci ne l’atteigne au thorax.

Lors de son redémarrage, le véhicule de Nahel Merzouk emprunte une trajectoire qui s’écarte du trottoir et du muret situés sur sa gauche. Les images de vidéosurveillance, complétées par la reconstitution 3D, contredisent les déclarations du policier Florian M. en audition :

« J’ai ouvert le feu car je me suis senti partir en arrière, poussé par le véhicule, vers le mur qui se trouvait assez près derrière moi […] »

Au moment du tir, qui survient une seconde après le redémarrage du véhicule de Nahel Merzouk, les deux voies de circulation sur le passage Arago sont encore obstruées par des véhicules à l’arrêt. Le véhicule de Nahel Merzouk n’a pas de possibilité d’échappatoire immédiate. Pourtant, le policier Florian M. justifie son tir en invoquant le cadre de la légitime défense au sens de l’article L-435-1 du code de Sécurité Intérieure :

« Je pense qu’on était dans ce cadre là. […] Pour moi, l’atteinte a autrui est avérée car les videosurveillances de la ville montrent bien qu’il a manqué de percuter au moins deux personnes Je me suis senti menacé aussi en plus de mon collègue que je voulais protéger. Et puis il y avait tellement de monde dans la rue comme je vous ai expliqué précédemment. Je pense vraiment aujourd’hui, que j’ai sauvé des vies. Au moins une vie. Je ne sais pas. Malheureusement j’ai dû ôter la vie a lui c’est quelque chose qui me touche C’est quelque chose de triste, je suis encore atteint aujourd’hui par sa mort mais je n’avais pas le choix. »


Équipe

EnquêteINDEX Investigation
Modélisation 3DNadav Joffe
Guillaume Seyller
PhotogrammétrieLauren Sanchez Calero
Montage / Motion designBasile Trouillet
Coordination / Réalisation / ScriptFrancesco Sebregondi

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