« Les catastrophes et les grands événements servent d’accélérateurs au capitalisme sécuritaire » : entretien avec Mathieu Rigouste
Chercheur indépendant en sciences sociales, Mathieu Rigouste scrute les évolutions du capitalisme sécuritaire, des pratiques policières et des stratégies de domination qui les accompagnent. L’auteur des ouvrages « La domination policière » (La Fabrique, 2012) et « La police du futur : Le marché de la violence et ce qui lui résiste » (10/18, 2022) s’apprête à publier un nouveau film documentaire, intitulé « Nous sommes des champs de bataille », une enquête sur l’industrie de l’armement et ses multiples ramifications.
INDEX : Dans ton nouveau documentaire, Nous sommes des champs de bataille, qui sortira en janvier 2025, tu as enquêté sur la « machine sécuritaire » et notamment sur le salon de l’armement Milipol. Quel est le projet du film ?
Mathieu Rigouste : Le projet du film c’est d’étudier les mécaniques du business global de la sécurité pour construire un outil qui permette aussi bien aux luttes sociales qu’au public le plus large de comprendre comment ça fonctionne, afin de pouvoir s’organiser et agir face aux machines de guerre et de contrôle. Ça part du fait que j’ai été fiché « S », je ne saurais jamais exactement comment, sans doute à la fois pour mes recherches et mes engagements. Cette fiche « S » me désigne du point de vue des services de renseignement et des forces de l’ordre en France, mais aussi à l’international, comme un individu susceptible de se livrer à des violences. Et en fait, malgré ça, j’ai pu mener une enquête de fond à l’intérieur de Milipol, le salon mondial de la sécurité intérieure des États. Comme ça fait vingt ans que je travaille sur le système sécuritaire, je connais le langage des industriels, les concepts clés et les dynamiques de fond. Ce qui m’a permis de tourner des entretiens face caméra avec des industriels et des communicants des grandes firmes de défense et de sécurité à l’intérieur de Milipol.
INDEX : Quand tu parles de « machines de guerre et de contrôle », qu’entends-tu concrètement ?
MR : Le titre du film n’est pas choisi au hasard. Je m’intéresse à la manière dont on conçoit et on développe des nouvelles technologies de guerre, de surveillance, de contrôle et de répression. Il s’agit donc d’objets et de savoir-faire spécifiques : d’algorithmes, de programmes informatiques, d’armes, de véhicules, de matériels divers. Je m’intéresse aussi à comment ils sont globalisés – c’est-à-dire, comment un industriel, la plupart du temps en collaboration avec un État, va financer puis faire adopter son produit, souvent par son propre État. C’est ce dernier qui va le valider d’une certaine manière, qui va lui permettre de l’expérimenter, de le normaliser, de le mettre en situation.
Une fois que le produit est dit « combat proven » (« testé au combat », ndr), celui-ci va être légitimé ce qui permet d’essayer de le vendre sur le marché international.
Le principe du film c’est d’aller voir les industriels et les communicants de ces grandes firmes pour leur faire présenter leur marchandise, de les amener à le faire avec leurs propres mots, leurs langage à eux, pour qu’ils racontent leurs stratégies.
INDEX : Puisqu’on parle d’armement, est-ce qu’il y a des choses sur lesquelles tu as enquêté pour ton film qui ont un rapport avec l’armement des policiers en France, et plus généralement avec l’évolution des pratiques policières en France ?
MR : Il y a des choses qui correspondent à la dynamique générale des dernières décennies, ce que je résume sous la dénomination d’« âge sécuritaire de l’impérialisme », c’est-à-dire, une reconfiguration de l’impérialisme autour des marchés de la guerre et du contrôle. Même si le capitalisme c’est la guerre depuis l’origine, on a là une logique de régénération des rapports de domination et de la hiérarchie internationale à travers les marchés de la guerre et du contrôle. C’est cela qui est au cœur de ces grands supermarchés d’armement.
Le film est réalisé avec des images et des entretiens que j’ai tournés en 2017, 2021 et 2023. Ce qui est intéressant, c’est qu’on y voit comment les industriels se préparent aux Jeux Olympiques qui viennent d’avoir lieu. On les voit à ce moment-là vraiment tout faire pour que les JO soient une occasion de transformer la loi et les cadres légaux, dans l’espoir, à l’arrivée, qu’on autorise la reconnaissance faciale.
Finalement, il y a eu des résistances, ainsi que des contradictions institutionnelles, et ils se sont recentrés sur la vidéosurveillance algorithmique, la VSA, qui est quelque chose qui prépare le terrain à la reconnaissance faciale en temps réel et qui est déjà en expérimentation dans plusieurs villes. Mais la question centrale, c’est sa normalisation et l’adaptation du cadre légal pour que toutes les villes et que l’ensemble du territoire sous vidéosurveillance intègre des algorithmes de reconnaissance faciale.
C’était assez intéressant de voir tous ces industriels s’emparer des JO comme d’un grand accélérateur de la transformation juridique et de création de nouveaux marchés.
INDEX : Justement, comment se déploie cette articulation entre cadre juridique et cadre sécuritaire, dans son aspect le plus marchand comme à Milipol ?
MR : On voit que les industriels se tiennent très, très au courant du cadre légal parce que c’est ce qui leur permet de développer une marchandise et de la vendre le plus largement possible. Aussi, ils font un gros travail de transformation de ce même cadre légal, en faisant du lobbying auprès des députés, des ministres, des politiciens pour faire avancer leurs agendas. Cela se produit partout, pas qu’à Milipol évidemment, mais on voit bien au salon comment ils s’efforcent d’inviter des politiciens et des députés sur leurs stands, la façon dont ils organisent des stages pour leur parler de « nouvelles menaces » et des « nouvelles solutions » qu’ils ont à proposer.
Derrière tout cela, il y a comme un sous-texte, une sorte de connivence de classe. Certains politiciens sont des gens dont les carrières font des allers-retours successifs entre l’industrie et la haute administration ; et quand ils sont en poste à la seconde, ils commandent les marchandises produites par la première, chez laquelle ils ont travaillé lorsqu’ils étaient dans le privé.
Je prends l’exemple d’un Cédric O, un des pontes de la Macronie (secrétaire d’État chargé du Numérique entre 2019 et 2022, ndr) sur l’intelligence artificielle et les nouvelles technologies : lui, c’est un ancien de Safran, dont la branche « Identity & Security » est devenue Idemia, un des leaders mondiaux dans le domaine des technologies de surveillance qui travaille dur pour commercialiser et imposer ses « solutions » de reconnaissance faciale. À la tête de Idemia, d’ailleurs, on trouve d’anciens préfets. Le salon Milipol lui-même est organisé sous l’égide du ministère de l’Intérieur, mais il est piloté par les géants du secteur : Thales, Atos, Orange, Airbus, Idemia. C’est vraiment une coproduction entre l’État et les industries militaro-sécuritaires.
INDEX : Dans ton livre La domination policière, tu mettais en lumière le fait que souvent, les innovations en termes de techniques policières précèdent l’évolution législative. C’est-à-dire, des techniques comme le pare-chocage, ou l’usage de certaines armes, vont être pratiquées d’abord sans cadre légal ou réglementaire ; et ce dernier va plutôt découler des non-lieux prononcés par la justice et/ou des lois qui vont encadrer a posteriori ces pratiques. Est-ce que cette tension entre domaine technique et domaine juridique a ressurgi également dans le cadre de cette dernière enquête sur les armements et leur industrie ?
MR : Ces aller-retours sont très structurés. Tous les industriels entretiennent des contacts avec ce qu’ils appellent les « utilisateurs finaux » qui sont, en gros, si c’est du matériel policier, des policiers. Plus précisément, ils s’aménagent des échanges réguliers avec les services d’achat des ministères de l’Intérieur, de la Défense, avec les états-majors, ainsi qu’avec des agents de base. C’est notamment entre les mains de ces derniers qu’ils vont mettre leur matériel, pour les consulter, pour savoir ce qu’ils en pensent, si le matériel marche bien, si ça leur plaît. Mais aussi pour savoir de quoi ils auraient envie. Par exemple, j’ai conduit une série d’entretiens plusieurs années de suite avec Axon, l’entreprise qui produit le taser, le pistolet à impulsion électrique. Axon développe, fait évoluer ses pistolets électriques, ses caméras et ses algorithmes en travaillant en permanence avec des policiers sur le terrain pour connaître leurs souhaits. Il y a donc une mécanique d’induction, de recherche du désir des policiers, de savoir de quoi ils auraient envie. Tout ceci alimente et stimule un certain désir de puissance, de violence.
Puis, aussi, une fois que certaines unités sont dotées d’un nouveau matériel, les autres unités le veulent aussi. Si telle unité a eu un « flash-ball » (« lanceur de balle de défense », ndr) un peu plus puissant, les autres unités vont le vouloir aussi. Et puis, si la police l’a eu, la gendarmerie le voudra également, etc. Il y a donc un jeu de normalisation et de légitimation interne qui est exploité par les industriels.
Le Titus, par exemple, est un véhicule blindé développé à la fois comme véhicule de guerre au Sahel et à la fois comme véhicule anti-émeute, anti-criminalité et anti-banditisme. Il avait été fourni au RAID gracieusement par Nexter (aujourd’hui KNDS France, ndr), un géant de l’armement terrestre. Cela a permis au RAID d’exhiber fièrement ce gros véhicule blindé, de jouer avec du matériel de pointe, ce qui a sans doute flatté la virilité et l’esprit de corps de ses agents. Mais cela a également permis à Nexter de tester le véhicule et de montrer à des potentiels acquéreurs que le Titus était utilisé par les unités spéciales de la police française.
INDEX : Tu as cité les Jeux Olympiques comme moment très attendu par ces industriels. Est-ce que tu peux décrire un peu l’utilisation qui est faite de ces grands événements comme des vitrines ? Mais aussi, on pense aux émeutes et autres révoltes, comme celles qui ont suivi l’homicide de Nahel Merzouk ou la répression du mouvement indépendantiste en Kanaky. Comment tous ces événements remplissent le rôle de vitrine pour cette industrie ?
MR : Les grands événements sportifs, comme les JO, la Coupe du monde de football ou la Coupe du monde de rugby, sont des grands moments d’expérimentation et de normalisation, tout comme les grandes catastrophes. Aux deux derniers Milipol, le thème principal était la gestion des catastrophes. Attention : les industriels qui y participent ne veulent pas empêcher les catastrophes, ils veulent vendre aux États les moyens de les gérer efficacement. Pour ça, ils proposent de tout : des robots tétrapodes, des drones, des ballons gonflables, des « smart fences » (« clôtures intelligentes », ndr), des clôtures en mer ou dans les fleuves, des technologies de surveillance anti-exilé·e·s, des marqueurs à gaz… Les catastrophes sanitaires et climatiques, tout comme les grands événements et les grands projets, sont saisis comme de formidables accélérateurs du capitalisme sécuritaire.
Durant les révoltes, la police teste de nouveaux dispositifs directement sur le terrain. Par exemple, au dernier Milipol où j’ai été, un policier du Raid qui servait clairement de démonstrateur et de communicant, m’a raconté que les drones utilisés par la gendarmerie pendant les révoltes qui ont suivi le meurtre de Nahel ne leur convenaient pas. Donc depuis, ils ont lancé un partenariat avec le Raid pour développer de nouveaux drones mieux adaptés au « maintien de l’ordre en milieu urbain ».
Les entreprises militaro-sécuritaires font tout pour que leurs produits soient utilisés durant les révoltes pour leur faire passer le test du combat, du terrain. C’est d’ailleurs l’une des questions que je pose beaucoup aux industriels de l’armement, à savoir, s’ils utilisent un concept équivalent pour la sécurité intérieure que « combat proven », qui est un concept proprement militaire. Ils adorent cette question ! Parce qu’il n’y a pas un vrai concept de « combat proven » pour la sécurité intérieure, mais ils adorent être considérés sous cet angle, se comparer au domaine militaire, se percevoir dans un continuum avec la guerre, la vraie.
Par exemple, le dirigeant du GICAT, qui est le grand lobby français des industriels de la défense et de la sécurité, répond « oui » à cette question. Il me dit, « oui, il y a un principe équivalent à ‘combat proven’ pour la sécurité intérieure mais il y a encore trop de contraintes, l’État nous pose encore trop de contraintes pour pouvoir vendre notre matériel un peu partout ». C’est intéressant de voir que les industriels de l’armement ont l’impression d’être encore freinés par l’État français, de constater qu’ils veulent encore plus de liberté de manœuvre.
INDEX : Est-ce qu’il y a d’autres exemples de termes qui sont utilisés pour légitimer l’utilisation et la vente de ces armements et des technologies ?
MR : Il y a un terme qui est assez intéressant : celui d’« acceptabilité ». C’est un terme dont ils se servent énormément. L’ « acceptabilité » signifie tout faire pour qu’une nouvelle marchandise soit bien acceptée par les – ils ont tendance à dire les – populations. Par exemple, lors d’un entretien avec Axon, je leur ai posé clairement la question : « est-ce que vous avez fait un travail d’acceptabilité, parce qu’on sait que le taser, ça pose des questions, des gens ont un peu peur, etc. ». Et là ils m’ont expliqué qu’effectivement ils ont des services dédiés entièrement à l’« acceptabilité ». Quand ils vont essayer de fournir l’ensemble des municipalités françaises et européennes avec des tasers, en fait, ils vont les voir avec un service qui leur assure qu’au moment de la mise en œuvre, ils feront du porte-à-porte dans la municipalité, avec des tracts pour expliquer aux gens que tout va bien, que ça a bien été testé, etc.
En parallèle, ils développent tout un champ de communication, c’est-à-dire des slogans, des narratifs, qui relèvent de la post-vérité absolue. Le grand slogan de Axon est : « protéger la vie, enregistrer la vérité ». Il s’agit là d’une réponse au slogan des luttes contre les violences d’État qui disent « justice et vérité ». Ils disent, « nous protégeons la vie » parce qu’ils maintiennent le mythe fondateur selon lequel le taser remplacerait les armes à feu – or, on sait aujourd’hui que c’est complètement faux. En fait, l’emploi du taser s’ajoute à l’utilisation des armes à feu. Propulsé par la dynamique néolibérale du capitalisme racial, le nombre de personnes tuées par armes à feu par la police ne cesse d’augmenter – ce sont toujours principalement des prolétaires non-blancs- mais désormais des personnes sont aussi mutilées ou grièvement blessées par les tasers.
La firme maintient aussi qu’elle aiderait à « enregistrer la vérité » grâce à ses caméras-piétons. Mais ici encore, dans l’entretien que j’ai mené avec la directrice France de Axon, celle-ci assume clairement que ces caméras servent avant tout à appuyer la version des agents, à justifier leur action ou leur usage des armes. Ce qui explique aussi pourquoi les policiers ont directement accès à un bouton d’allumage et d’arrêt de la caméra-piéton qu’ils portent, de sorte qu’on puisse dire que le dispositif n’a pas été allumé si les images enregistrées sont inconvenantes. Dans les faits, c’est un dispositif qui est pensé pour appuyer le discours des policiers, et non pas faire la vérité.
INDEX : La notion de « sécurité » est au cœur de la communication des industriels de l’armement et des technologies de contrôle. Mais la sécurité pour qui ?
MR : La sécurité, dans le fond, c’est toujours celle des classes dominantes. C’est elles qu’il s’agit de protéger, de sécuriser. Le discours est toujours construit de la sorte : on annonce qu’on protège la population, mais on la protège en la capturant. Prenons l’exemple du fil barbelé : quand, à la fin du XIXème siècle, des industriels états-uniens commercialisent le fil barbelé, et qu’il est utilisé par l’armée britannique coloniale dans les premiers camps de concentration, on va dire qu’il s’agit de protéger la population, de la mettre à l’abri de la guerilla. C’est une technique de rhétorique, une mystification. D’un point de vue historique, il s’agit de protéger les classes dominantes des révoltes sociales, des résistances, des contre attaques populaires. Mais la sécurité est aussi un concept central pour la régénération du système de pouvoir et d’accumulation par la dépossession et la mise en dépendance des classes dominées.
INDEX : Ceci nous amène à aborder la notion de « dommage collatéral », également centrale dans le discours sécuritaire, spécifiquement celui qui est déployé a posteriori, pour justifier et légitimer des faits de violences perpétrés au nom de la sécurité. D’après tes recherches, comment cette notion est-elle employée aujourd’hui au sein de l’industrie et des appareils sécuritaires ?
MR : Le discours fondateur de la modernité impériale occidentale c’est de dire qu’on ne frappe pas les populations civiles, ce sont les sauvages qui font ça, mais pas les peuples civilisés. Ça a toujours été faux : dans le domaine colonial, les populations civiles ont toujours été frappées, visées en tant que telles. La question c’est plutôt de savoir jusqu’à quel point on veut les cibler.
D’un point de vue matériel, les effets des armes sont étudiés en détail, aussi bien par l’industrie de l’armement que par les forces qui les emploient. On sait parfaitement que telle arme va toucher telle proportion de victimes civiles si elle est utilisée dans tel contexte, des données précises existent. Sur cette base, les décideurs – policiers, militaires, politiques – font leur choix. On le voit avec la guerre à Gaza en ce moment : les décideurs israéliens, appuyés par les puissances occidentales, font le choix d’employer des armes faisant des proportions de victimes civiles sans précédent. D’où l’usage récurrent de bombes d’une tonne sur des zones dites ‘humanitaires’ où des familles s’entassent dans des tentes, ou sur des immeubles résidentiels de dix étages, qui génèrent des cratères de vingt mètres de diamètre…
Cette question est en évolution permanente. Au cours des vingt dernières années, il y a eu une évolution rapide du cadre juridique censé encadrer l’action des différentes armées et des différentes polices, un élargissement considérable des cibles civiles qui vont être considérées comme légitimes à être frappées, touchées, ciblées. En France, un bon exemple, c’est les situations dites de « refus d’obtempérer » : en 2017 (avec la loi qui a modifié les conditions d’usage des armes par les forces de l’ordre, ndr), un régime juridique a été installé qui permet de mettre à mort des gens sous prétexte de les empêcher de fuir. Bien-sûr c’est lié à un contexte de domination socio-raciale, la police n’abat pas les groupes sociaux qu’elle considère comme légitimes. Un autre exemple : l’armée israélienne qui produit un discours selon lequel tous les civils présents dans telle zone sont suspects d’être des soutiens aux terroristes, qui par-là perdent leur qualité de civils et peuvent légitimement être abattus. Ce sont là des régimes de justification – juridiques, discursifs – qui élargissent la possibilité d’employer la violence extrême. Cette extension du domaine de la férocité profite autant aux régimes de pouvoir les plus inégalitaires qu’aux marchands de guerre et de répression.
[Interview réalisée par INDEX le 20.08.2024]